Le microbiome de la peau, également appelé flore cutanée, peut-il influencer l'efficacité d'un traitement contre le cancer ? C'est ce qu'aimerait découvrir le Dr Robin Reschke de la clinique dermatologique de l'hôpital universitaire de Heidelberg (UKHD) et du Centre national des maladies tumorales (NCT) de Heidelberg. La Deutsche Krebshilfe rend possible sa recherche à la faculté de médecine de Heidelberg de l'université de Heidelberg grâce à un financement généreux. Elle a admis Reschke dans le prestigieux programme Max-Eder et le soutiendra, lui et son groupe de jeunes chercheurs, avec plus de 700.000 euros au cours des quatre prochaines années.
Dr Robin Reschke s'intéresse aux approches thérapeutiques du cancer de la peau avancé : il est particulièrement fasciné par le fait que dans certains cas de cancer de la peau, l'immunothérapie agit de manière impressionnante en activant le système immunitaire de l'organisme, alors que dans d'autres cas, elle échoue complètement. À partir de septembre, il veut découvrir avec son groupe de jeunes chercheurs Max-Eder s'il existe un lien entre les micro-organismes qui colonisent la peau (microbiome cutané) et l'efficacité de l'immunothérapie contre les cellules tumorales cutanées.
Les cellules T, des globules blancs capables de combattre aussi bien les agents pathogènes que les cellules cancéreuses, sont importantes pour la défense immunitaire de l'organisme. Le groupe de recherche s'intéresse en particulier aux cellules T mémoires résistantes aux tissus (cellules TRM) qui apparaissent localement lors d'infections par exemple et y restent. Elles deviennent actives lorsque la même infection ou dégénérescence cellulaire se produit à nouveau : elles sécrètent alors des substances de signalisation qui aident à combattre la maladie.
L'image montre l'application de la technologie Spatial transcriptomics sur un échantillon de tissu d'un carcinome épidermoïde. On peut voir comment la molécule protéique integrine, représentée en b) par des points rouges, est répartie dans le tissu. Cette protéine est responsable de la liaison des cellules entre elles et de la communication entre les cellules.
Reschke/UKHD
Un traitement efficace grâce au microbiome ?
Parallèlement, les chercheurs étudient le microbiome de patients qui ont reçu une immunothérapie contre le cancer de la peau. Pour ce faire, ils utilisent notamment une méthode relativement nouvelle, la spatial transcriptomics (transcriptomique spatiale), qui permet d'identifier les types de cellules à partir de leurs valeurs d'ARNm et de les associer directement dans les tissus. Le microenvironnement immunologique de la tumeur peut ainsi être représenté et étudié avec précision.
Dans un premier temps, Reschke, 34 ans, et ses trois collaborateurs actuels se concentrent sur une forme de cancer blanc de la peau, le carcinome épidermoïde avancé, et comparent le microbiome des patients qui bénéficient de l'immunothérapie à celui des "non-répondeurs". "Nous sommes évidemment impatients de voir si le microbiome des patients chez qui l'immunothérapie a fonctionné diffère de celui des patients chez qui elle n'a pas fonctionné", explique Robin Reschke.
S'il existe un lien entre le microbiome et le nombre de cellules TRM, et donc le succès du traitement, Reschke veut trouver dans la prochaine étape des biomarqueurs ou des molécules cibles correspondants. A l'avenir, le microbiome pourrait alors éventuellement être modifié de manière ciblée, par exemple avec une crème, afin que davantage de patients cancéreux puissent profiter de l'immunothérapie. Reschke espère que ses recherches permettront à l'avenir d'étendre l'utilisation de l'immunothérapie aux métastases cutanées, par exemple du cancer noir de la peau (mélanome), ainsi qu'à d'autres maladies cancéreuses.
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